Grand Paris Express : la ligne 18 toujours contestée

La ligne 18 du Grand Paris Express, dont la construction est déjà réalisée en partie, jusqu’au CEA de Saclay, fait toujours l’objet de vives contestations.
Avant les vacances d’été, ce sont des maires de la zone agricole du plateau de Saclay et des agriculteurs qui ont écrit une lettre ouverte à la Première ministre Élisabeth Borne. Ils demandent la mise en tranchée partiellement couverte de 1200 m de la ligne, entre Villiers le Bâcle et Châteaufort, afin de préserver des conditions d’exploitation suffisantes pour les terres agricoles, en particulier les déplacements des engins.
Ce sont maintenant des scientifiques de l’université Paris-Saclay qui publient une étude remettant en cause les conclusions de la Société du Grand Paris (SGP) à propos de l’impact du tronçon ouest de la ligne sur la biodiversité.

La SGP et l’État, puisque ce sont eux qui sont à la manœuvre, resteront-ils une fois de plus sourds aux demandes légitimes des citoyens et de leurs élus du territoire ?
Rappelons que pour les associations locales, c’est l’ensemble de la ligne 18 qui est contesté pour son inadaptation et son coût socio-économique démesuré par rapport au besoin de transport sur ce territoire.

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Historique de la ZPNAF

Il faut se reporter 15 ans en arrière pour apprécier à quel point la ZPNAF (“Zone de protection naturelle, agricole et forestière” du plateau de Saclay) nous a sauvés du pire. Sous le Gouvernement de Villepin, un projet d’opération d’intérêt national (OIN) était annoncé sur le plateau de Saclay, avec un « Cluster » rassemblant plusieurs grandes écoles et universités scientifiques, des Instituts et centres de recherche, en somme une sorte de “Harvard à la française“. En fait il s’agissait, sous couvert d’un projet d’excellence, d’urbaniser la quasi-totalité du plateau. Deux cent mille nouveaux habitants nous auraient ainsi rejoints, effaçant les terres agricoles de Saclay, parmi les dernières si proches de Paris et si fertiles.

Après une étude de préfiguration, le préfet de Région Landrieu réunissait en 2006 tous les maires du secteur à Jouy-en-Josas pour leur annoncer ce mirifique projet. Son annonce faite, le préfet tourna les talons et quitta un auditoire médusé. Là-dessus, le préfet put assurer au Gouvernement qu’il avait « concerté » les maires. Après un concours international, une exposition était ensuite organisée à Toussus-le-Noble par l’équipe de l’OIN. Les visiteurs découvrirent alors des projets aussi ahurissants qu’invraisemblables. Pour rassurer, le plus imaginatif d’entre eux allait jusqu’à figurer des barres d’immeubles « transparents » et donc quasiment invisibles !

Associations et maires des plus petites communes en tête, la mobilisation monta et se mua en franche opposition. C’est ainsi que le Président Sarkozy, pour sauver le projet de Cluster qui seul pouvait se parer des plumes de l’intérêt national, décida de le cantonner à la frange sud du plateau et accepta d’abandonner le projet de bétonnage intégral. 2300 hectares agricoles seraient sauvés sur le Plateau, ce qui correspondait au minimum exigé par un consensus d’associations, agriculteurs et élus.

La loi sur le Grand Paris créant l’Etablissement Public de Paris-Saclay (EPPS) votée le 3 juin 2010 devait sceller cet équilibre. Ce fut non sans mal, car la technostructure n’a eu de cesse d’essayer de reprendre par derrière ce qui avait en principe été octroyé. Deux épisodes l’illustrent : Tout d’abord l’Assemblée nationale vota en ces termes : « Il est créé une zone de protection naturelle, agricole et forestière (ZPNAF) dans le péri- mètre de l’opération d’intérêt national du plateau de Saclay. » « Cette zone comprend environ 2 300 hectares de terres agricoles ». Le terme « environ » aurait pu autoriser aussi bien 2200 que 2100 hec- tares. Qui peut mesurer l’« environ » ?

L’exemple de Bièvres était édifiant : les premières cartes concoctées par l’EPPS pour préparer le décret de la ZPNAF comportaient les deux tiers de l’aérodrome militaire sur le plateau de Villacoublay, 250 hectares d’herbages autour des pistes !
D’autres pratiques auraient au total ramené la protection sur le plateau de Saclay à moins de 2000 hectares. Élus (mais pas tous), associations, Chambre d’agriculture batail- lèrent ferme pour empêcher ce dévoiement ou cette dénaturation de la loi.

Au lieu d’un an pour préparer le Décret, celui-ci mit trois ans et demi et ne fut publié que le 27 décembre 2013. Il délimitait 2469 hectares de terres agricoles au sein d’une Zone de protection naturelle et forestière de 4115 hectares.

Les résultats sont insuffisants, mais n’en constituent pas moins un précédent positif considérable en matière d’aménagement. Bien plus fort qu’un site classé qui relève uniquement d’un décret, la ZPNAF procède de la loi qui fait obligation au Décret de délimiter une zone de protection avec une superficie minimale à l’intérieur d’un périmètre géographique déterminé. L’exemple juridique de Saclay pourrait être bientôt suivi en d’autres endroits autour des métropoles dont les zones naturelles sont menacées par l’expansion urbaine.

Vente du domaine de l’INRAE – Plaisir ou déplaisir à Grignon ?

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Tout valbiévrains que nous sommes, il nous arrive de nous écarter de la haute vallée et le domaine de Grignon en est si proche qu’on ne peut l’ignorer.

Il y a deux cents ans, un château y est devenu le berceau de la recherche agronomique française, dans un parc de 300 hectares de champs et de bois. On y trouve aussi d’innombrables et remarquables fossiles marins ayant traversé 40 millions d’années dans les faluns des strates géologiques, ultimes réminiscences des bouleversements du bassin parisien.

Or ce domaine national exceptionnel est sous le coup d’une privatisation engagée par l’État … Continuer la lecture

L’agroécologie peut nourrir 10 milliards d’humains !

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Marc Dufumier, célèbre agronome, a donné une conférence passionnante sur ce thème lors d’une conférence à Jouy-en-Josas le 2 octobre dernier. Pas de grands discours théoriques dans cette intervention mais des faits, une analyse précise, des arguments scientifiques rigoureux.


Il a montré à quel point le modèle de l’agroécologie s’oppose fondamentalement à celui de l’agriculture conventionnelle. Il ne considère pas le sol comme un support mécanique pour faire pousser des plantes sous assistance chimique, mais l’ensemble de « l’écosystème agricole » qui prend en compte toutes les interactions qui s’y produisent.

Marc Dufumier fait partie de ces écologistes qui vous redonnent le moral en développant des solutions crédibles dont tous ceux qui ont une responsabilité dans ce domaine feraient bien de s’inspirer. À nous aussi de les y aider. Continuer la lecture