La Bièvre a inspiré de nombreux poètes, qui en ont chanté la beauté quand elle flâne dans la campagne, mais aussi ses inondations brutales ou sa saleté dans Paris.
Voici trois poèmes du XVIe et du XVIIe siècle, qui vous surprendrons peut-être…
Item ce canal de rivière
Que tu vois passer par derrière
N’est qu’un ruisseau, mais fort malin,
Qui prend son nom de Gobelin.
Mais quand ce ruisseau se déborde
Il n’a point de miséricorde…
Il bouleverse les maisons,
Il renverse murs et cloisons,
Inonde toute la campagne,
Mine , rocher, cave, montagne,
Ensevelit dedans son corps,
Des vivants dont il fait des morts.
Ainsi qu’on a vu ces années,
Des maisons toutes ruinées,
Et tant de gens qui sont péris,
Qui furent vus de tous Paris
François Colleret. À propos des débordements de la Bièvre, 1665.
Ne faisons pas ici le cancre,
Et passons viste ce ruisseau
Est-ce de la boue ou de l’eau ?
Est-ce de la suye ou de l’encre ?
Quoi ! c’est le seigneur Gobelin
Qu’il est sale et qu’il est vilain !
Je crois que le diable à peau noire,
Par régal et par volupté,
Ayant trop chaud en purgatoire
Se vient icy baigner l’esté …
Claude Le Petit, Paris ridicule et burlesque au XVIIe, PL Jacob, 1859. Poète athée et libertin. Il fut mis en cause pour ses écrits sur les mœurs de la famille royale et fut brûlé sur le bûcher à 23 ans.
Moi, qui dans mon giron ameine
De cent sourjons l’eau nète et seine
Moi, de qui l’eau fresche
Voulait abreuver votre ville
Aujourd’uy je me traîne, vile,
Pour des teinturiers inhumains
Mais si mes eaux je vous apporte
Mon nom déjà plus je ne porte
Que ces Gobelins m’ont osté !
Jean Antoine du Baïf, 1573. La ninfe Bièvre